Le respect des religions dans le Coran
Le respect des religions dans le Coran
Pour certains l’Islâm est une religion belliqueuse et expansionniste qui veut s’imposer par la force et la terreur aux autres croyances et civilisations différentes.
Jamais un jugement n’a été aussi injuste et arbitraire que celui-là. Et pour cause, l’Islâm, preuves à l’appui a reconnu et respecter l’existence des autres croyances. Il ne s’agit pas là d’une reconnaissance théorique ou d’un slogan creux, dépendant des humeurs et des états d’âme des califes, des sultans ou des chefs d’Etat. Bien au contraire, cette reconnaissance est codifiée dans les textes les plus sacrés, à savoir le Coran et la Sunna, c’est-à-dire les actes et les dires du Prophète Muhammad(QSSSL).
L’Islâm ne s’est jamais présenté comme une religion venue remettre en cause ou abolir les enseignements et préceptes transmis par les Prophètes, qui ont précédé Mohammed (QSSSL). Pour un musulman le Coran est la dernière révélation. Mohammed est le sceau des Prophètes. L’Islâm oblige à reconnaître toutes les communautés spirituelles, tous les Prophètes antérieurs et se considère comme le dénominateur commun à toutes les religions.
Ainsi, l’Islâm reconnaît comme siens tous les Prophètes qui se sont réclamés du Dieu unique et éternel. Le Coran dit à ce sujet :“ Il a prescrit pour vous en matière de religion, ce qu’il a prescrit à Noé, ce que Nous t’avons révélé, ainsi que ce que Nous avons prescrit à Abraham, à Moïse et à Jésus : pratiquez la religion et n’en faites pas un sujet de division ” Coran, Sourate: Al-choûrâ, v.13.
Du point de vue théologique de l’Islâm, les messages des anciens Prophètes ne sont plus valables sur le plan législatif, il n’en demeure pas moins qu’ils jouissent du respect et de la considération de l’Islâm; ils sont issus de la même souche.
A cet égard, les versets du Coran qui mettent l’accent sur le respect des messages antérieurs à l’Islâm sont nombreux. Ce faisant, ils témoignent de l’importance accordée par l’Islâm aux différences religieuses qu’il considère comme dans la nature des choses. Pour le Coran, en effet, la diversité des croyances est une chose voulue par Dieu. “ Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté. Mais il a voulu vous éprouver par le don qu’il vous a fait. Cherchez à vous surpasser les uns les autres dans les bonnes actions. Votre retour, à tous, se fera vers Dieu. Il vous éclairera, alors, au sujet de vos différends " Coran, Sourate :5, v.48.
Dieu a laissé aux hommes le libre choix de croire ou de ne pas croire et a interdit qu’on force les gens à adopter une religion contre leur gré “Est-ce toi qui vas forcer les gens à croire ?” Coran, Sourate :10, v.99
Cette diversité de croyances et de cultes, doit être une raison de respecter les religions et d’assurer leur coexistence pacifique.
Le Coran a certes invité les gens du Livre- les Juifs et les Chrétiens- à répondre favorablement à la mission de Mohammed r (QSSSL), puisqu’elle est l’aboutissement final de toutes les missions prophétiques précédentes. Il leur dit : “O gens du Livre, venez à une parole commune entre vous et nous ; que nous n’adorions que Dieu sans rien lui associer, et que nous ne prenions point les uns les autres d’autre Seigneur que Dieu. Puis, s’ils tournent le dos, dites : soyez témoins que nous, nous sommes soumis ”Coran, Sourate :Al- Imrân , v.64.
Même en cas de refus, l’attitude restera toujours empreinte de respect et de bienveillance.“ Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d’entre eux qui sont injustes et dites : Nous croyons en ce qu’on a fait descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c’est à lui que nous nous soumettons ” Coran, Sourate :Al-Ankaboût ,v.46.
On rapporte, ainsi que lorsque les chrétiens de Nedjrân rendirent visite au Prophète (QSSSL) dans sa mosquée de Médine, ils voulurent y célébrer leur messe. Certains compagnons voulurent les en empêcher, mais le Prophète (QSSSL) leur ordonna de les laisser faire la messe ”.
Le Prophète (QSSSL) a fait des aumônes au profit d’une famille juive de Médine.
Al-Boukhâri rapporte d’après Anâss, que le Prophète r (QSSSL) rendit visite à un Juif alité.
Plus que cela, le respect de l’Islâm envers les autres religions est tel qu’il a autorisé les Musulmans à manger la nourriture des gens du Livre (les Juifs et les Chrétiens) et à épouser leurs femmes. Cela veut dire que les grands-parents, les oncles et les tantes maternelles, les neveux et nièces du côté maternel seront des gens du Livre. Or, ces derniers ont droit au respect du lien de parenté imposé par l’Islâm.
Presque toutes les religions connues dans le monde ont été, à un moment ou à un autre, sous la responsabilité d’Etats ou de royaumes se réclamant de l’Islâm. Il en est ainsi du christianisme comme du judaïsme, du bouddhisme comme de l’hindouisme. Ces croyances ont fait l’objet de la protection et du respect de l’Islâm tout au long de la période passée sous son règne. Jamais l’histoire ne s’est faite l’écho d’une quelconque islamisation forcée des adeptes de ces religions.
A la suite du Prophète, les califes de la communauté et les grands savants de l’Islâm ont fait preuve de la même bienveillance et du même respect à l’égard des adeptes des autres religions.
L’exemple qui illustre le mieux cette bienveillance est donné par Omar Ibn Al–Khattâb t qui répondit au vœu des Arabes chrétiens des Banou Taghlîb lui demandant de supprimer le terme de “djizia” (impôt de capitation) qu’ils trouvaient vexant et de considérer ce qu’ils versaient à l’Etat islamique comme des aumônes, même si cela constitue le double. Omar les approuva et ne vit aucun mal à cela.
Brockelmann écrit sur les conditions de la prise de Jérusalem par Omar ce qui suit :«C'est Omar qui accepta les conditions de la reddition de Jérusalem. Il accorda aux Chrétiens la sécurité de leurs personnes et de leurs biens, le maintien de leurs églises et la liberté religieuse". Plus loin, il écrit : "Dans les pays qui étaient autrefois chrétiens, c'était les évêques qui se chargeaient de la direction des affaires civiles ; en Perse, la petite noblesse rurale des dikhans ou maires de villages conserva sa position dirigeante" Brockelmann C, Histoire des peuples et des Etats islamiques. édit. Payot,Paris,1949
Ainsi apparaît l'ignorance de ceux qui font l'amalgame injuste et malheureux entre l’Islâm et l'intolérance et attribuent à cette grande religion des visées belliqueuses et une hostilité cachée ou déclarée vis-à-vis des autres religions et croyances. A ceux-là, nous disons, non ! L’Islâm n'éprouve aucune hostilité ou animosité envers les autres religions et civilisations. Bien au contraire, il reconnaît à ces religions et civilisations le droit d'exister avec leurs spécificités et leurs valeurs propres. Il recommande aux Musulmans de respecter ceux qui ne partagent pas les mêmes croyances qu'eux et de vivre avec eux en bons termes.
Quel bel exemple de respect des adeptes des autres religions que celui donné par le messager de Dieu (QSSSL) lorsqu'il se leva à la vue d'un corbillard portant la dépouille d'un Juif. A ceux qui lui disaient qu'il s'agissait de la dépouille d'un Juif, il répondit : "N'est-ce pas une âme ?" Le Coran s'est adressé aux Musulmans en leur disant : "Dieu ne vous défend pas d'être bienveillants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus à cause de votre foi et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Dieu aime les équitables".
A part quelques exceptions dues le plus souvent à l'ignorance et aux incertitudes de l'histoire, mais dont l’Islâm est innocent, les Musulmans ont toujours respecté cette injonction du Coran dans leurs rapports avec les adeptes des autres religions et croyances. Aujourd'hui, plus qu'hier, l’Islâm est capable d'inspirer aux musulmans la coexistence pacifique avec les autres religions et civilisations et le respect de leurs adeptes et partisans dans un monde en proie aux conflits, au bellicisme des puissants et à leurvolonté de suprématie. Il aspire profondément à la paix et à l'entente entre tous les peuples et toutes les civilisations.
Certaines formulation de cette article proviennent des écrits de Tarek RAMADAN et de Mustapha CHERIF